Merci les Etats Unis et le Canada ! Et oui, si le prix du pétrole est aussi bas c’est dû en grande partie aux gaz de schistes américains et aux sables bitumineux canadiens qui ont considérablement augmenter l’offre d’énergie mondiale. Face à cette concurrence, les pays de l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) ont décidé de laisser faire le marché, c'est-à-dire de ne pas diminuer leurs quottas de production. Résultats, l’offre d’énergie est abondante et donc son prix à fortement chuté (loi de l’offre et de la demande).
A qui bénéfice la baisse ?
Les entreprises de transports, les compagnies aériennes, les automobilistes, les industriels, les importateurs dont l’UE, et au final les consommateurs qui devraient voir les prix baisser et donc leur pouvoir d'achat augmenter. C’est déjà le cas à la pompe, et si le prix du baril continue sa chute, elle sera répercutée sur un bon nombre de biens de consommations.
La France pourrait également profiter directement de cette baisse, si le pétrole se maintient à son niveau actuel. La facture énergétique de la France c'est élevée à 66 milliards d'euros en 2013 et elle représente 70% du déficit commercial. Avec cette chute vertigineuse du prix du baril, nous pourrions économiser 17 milliards d'euros en 2015
Certains pensent que cette baisse du prix de l’énergie va être un moteur qui relancera la croissance, mais à en croire les licenciements annoncés dans les secteurs pétroliers et parapétroliers, on va déshabiller Paul pour habiller Jean !
Qui sont les perdants ?
L’ensemble de l’industrie pétrolière qui voit son chiffre d’affaire divisé par deux. Le franco-américain Schlumberger a annoncé 9000 suppressions de postes. BP va licencier 300 personnes en mer du Nord. Shell supprime 10% de ses 3000 salariés employés au Canada et abandonne un projet pétrochimique à 6,5 milliards de dollars avec le Qatar. Le canadien Suncor supprime 1000 emplois et réduit d'un milliard de dollars ses investissements. La banque centrale américaine prévoit la perte de 250000 emplois aux USA. En France, Total n’a pas encore dévoilé l’impact de cette chute sur son activité, mais elle avait d’ores et déjà annoncé qu’elle allait réduire ses coûts d'exploitation de deux milliards de dollars par an à l'horizon de 2017.
En ce qui concerne les pays producteurs de pétrole, ils tirent tous la sonnette d’alarme pour que le cours du brut soit maintenu à un niveau acceptable. Mais la ligne de conduite fixée par l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar et les Emirats Arabes Unies, qui représentent à eux quatre plus de la moitié de la production de l’OPEP avec 16 millions de barils jours (mbj), est de maintenir les niveaux production à 30 mbj. Ils accusent les producteurs hors OPEP d’être responsables de la chute des prix et déplorent aussi « un manque de coopération de la part des principaux producteurs hors OPEP, des informations erronées et la cupidité des spéculateurs ».
Même si les sommes perdues vont être considérables, 350 milliards de dollars par an, l’objectif de l’OPEP est de freiner les investissements dans les hydrocarbures non conventionnels comme le gaz de schiste, qui a moins de 50 dollars le baril n’est pas intéressant à exploiter. Il en va de même pour les exploitations de forages off-shore ou pour les explorations prévues en Arctique et au Groenland, qui sont pour le moment abandonnées.
Dans une étude parue en début de semaine, Goldman Sachs estimait que les compagnies européennes allaient compenser la chute du baril de pétrole en réduisant leurs investissements de 23% en moyenne d'ici à 2018 et qu'elles recourront dans l'immédiat à l'endettement et à des cessions.
Et pour l’environnement ?
Le constat est mitigé. D’un coté, on peut se réjouir que cette baisse du cours du brut freine les investissements dans les hydrocarbures non-conventionnels comme le gaz de schiste et les sables bitumineux, qui utilisent des techniques d’extractions extrêmement polluantes, tel que la fracturation hydraulique. D’un autre coté, les investissements dans les énergies renouvelables vont aussi en prendre un coup. De plus, si cette baisse des prix entraine une hausse de la consommation, la pollution sera plus importante.
A priori, cette chute du baril de brut ne sera de toute façon que provisoire. Le temps que l'Amérique du Nord et l’OPEP se mettent d’accord. Il est donc fort probable que les bénéficiaires de cette baisse, profitent de la période pour gagner plus d’argent, et que les perdants se servent de cette excuse pour licencier, sans avoir l’ambition de réembaucher quand le baril aura repris son cours. Tout va dépendre du temps que va durer cette chute du cours du pétrole et jusqu'à quel niveau. L'OPEP a prévenu qu'elle ne réduirait pas sa production même à 20 dollars le baril.
Une affaire à suivre dans les prochains mois !
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